REVER LES YEUX OUVERTS

Bienvenue au Maroc

 Passage du fameux détroit de Gibraltar. A nous l’Atlantique !

Au détour d’une discussion avec le bateau « Todoben » à Gibraltar, nous nous laissons convaincre par les atouts de la récente marina de Rabat (148 M de Gibraltar).

C’est donc par le Maroc que nous entamerons notre chevauchée de l’Atlantique.

L’accès à l’Atlantique se fait par le fameux détroit de Gibraltar, réputé pour ses courants d’Ouest en Est qui compensent la forte évaporation de la Méditerrané, son trafic et ses vents forts d’Ouest (Poniente) ou d’Est (Levante).

Pour sortir de Méditerranée, il faut naviguer près des côtes espagnoles jusque Tarifa et partir de Gibraltar 2 à 3 h après la marée haute afin de profiter du courant de marée descendante.

A partir de Tarifa on peut traverser le détroit en surveillant le trafic des cargos et des ferries tout en suivant les fameux courants de marée descendante le long de la côte Marocaine jusqu’au cap Spartel.

La chance est avec nous, depuis plusieurs jours le vent est à l’Est. Nous en profitons pour faire route jusque Tarifa avec les voiles en papillon, Gennaker et GV haute avec un vent de 15 à 20N. Nous remplacerons le Gennaker par le Solent pour la traversée du détroit et relancerons le Gennaker au passage du cap Spartel. Nous parcourons ainsi 50 MN en 7h, avant de mettre en route un moteur car le vent est maintenant de face et faible.

Nous stopperons le moteur à 20 M de Rabat car le vent est repassé au Nord Ouest et nous permet de relancer le Gennaker.

 

 

Bienvenue au Maroc. Arrivée à Rabat par l'Oued Bouregreg

 

A la VHF sur le canal 10, nous annonçons notre arrivée. A 3 miles de l’entrée du port, des pêcheurs nous font signe et nous informent qu’un pilote vient nous chercher. Un avant goût du Maroc.

Le pilote nous escorte dans l’embouchure de l’oued Bouregreg, estuaire séparant la capitale politique Rabat et la  marina de Salé sur la rive droite. Nous devons nous amarrer sur un ponton à l’entrée du port. Dix minutes plus tard, ils étaient 7 alignés sur le ponton. Capitainerie, policiers, douaniers, médecin, maître chien et chien.

Les enfants réalisent qu’un contrôle sérieux va s’opérer à bord. Ils toisent les uniformes, se regardent sérieusement et sprintent dans leurs cabines respectives en s’exclamant « viiiite il faut ranger notre chambre !!!! ». Ranger sa chambre, la loi internationale la plus suprême à respecter pour Elise et Adrien. Le désordre omniprésent de leurs chambres n’a pourtant jamais abouti à la prison…

Le bal des contrôles, s’est ouvert avec le docteur masqué. Un contrôle verbal confirme notre bonne santé. Ensuite, la tournée des papiers d’identité di bateau commence pour laisser place aux chiens détecteurs de drogues et d’explosifs.

Malgré cet accueil spécial et impressionnant, tous nous ont souhaité un sincère « Bienvénou au Maroc ».

L’équipe du port a même déplacé un bateau et repositionné les catways  du ponton pour faire une place à notre Teoula !

Le ponton est animé d’une majorité de bateau français en voyage au « long cours » (j’adore cette expression) avec qui nous faisons connaissance : Todoben, Asta Luego, La Françoise, Tequila, Kangaroo, Djambaar, …

 

 

Une petite barque de pêcheurs nous emmène de l’autre côté du Bouregreg. Nous visitons Rabat et sommes particulièrement marqués par le tour Hassan II, le Mausolée Mohammed V et la kasbah des Oudayas, une petite ville dans la ville qui à l'origine était un ouvrage militaire et aménagée essentiellement pour constituer une forteresse imprenable au XII. Le décor de la Kasbah est marqué par différentes influences andalouse, portugaise et arabe (murs recouverts de chaux bleue et blanche, portes massives aux moulures colorées et fer forgé ...). 

 

 

Samedi 3 octobre 09, après 3 nuits passées dans cette agréable et confortable marina, la météo est propice pour continuer la descente vers le sud et nous levons les amarres, direction la baie d’Essaouira, notre deuxième escale marocaine.

La facture du port est dérisoire (40 € pour 3 nuits), et nous profitons également du prix du gasoil assez bon marché pour faire le plein (0.65 €/l).

La navigation vers Essaouira (45h pour 230 M) sera marquée par quelques anecdotes :

 

-          nous accrochons d’abord un filet de pêche en quittant Rabat. C’est Gwen qui sera de corvée de plongée en pleine mer pour défaire le bout du filet arraché et les bouteilles en plastique qui cognent sur la coque.

-          le premier soir, une dorade coryphène de 1,5 kg est trompée par notre leurre 1h avant le dîner. Elle terminera une partie marinée à la tahitienne, l’autre partie en papillote.

-          la deuxième soirée un banc d’une vingtaine de dauphins vient danser autour de Teoula sous 4 regards d’enfants.

-          notre arrivée au lever du jour à Essaouira est saluée de façon spectaculaire par une horde de dauphins (8 dauphins qui sautent en même temps, ce n’est pas vraiment courant et assez émouvant).

Nous avons réalisé les 130 premiers miles à la voile avec un vent 5-10N de NW, puis les 100 derniers au moteur, parfois dans le brouillard.

 

 


  

 

Essaouira, pour li plaisir dis yeux

 

Nous resterons 4 nuits à Essaouira, au mouillage devant le port rendu assez confortable par les conditions météo clémentes de ces derniers jours, ou devant l’ile de Mogador pour se protéger des fortes odeurs du port par vent de Nord.

Le typique port de pêche déborde d’activités, entre les gros chalutiers en bois et les petites barques bleues cobalt.

Tous les jours, les étales des différents marchands se remplissent d’une variété étonnante de poissons : roussettes, murènes, chinchards, baudroies, rascasses,  saint pierre, rougets, saupes, dorades, sardines, et requins bleus. Petite peur rétrospective pour Gwen qui est allée chercher les bouts coincés dans le safran en pleine mer.

Et belle leçon d’humilité face aux conditions de vie de ces pêcheurs qui affrontent une mer parfois hostile avec du matériel désuet pour de maigres revenus.

 

Une grande partie de la Médina est dédiée aux touristes avec de nombreuses maisons transformées en ryads, restaurants, galeries d’art et boutiques de marqueterie en loupe de thuya poli, une grande spécialité de la région.

Essaouira était aussi dans les années 50 et 60 le refuge privilégié des rockers (Cat Steven - Jimmy Hendrix...) qui venaient s´y ressourcer, et Orson Welles y tourna son fameux film "Othello".

De nombreux artistes peintres et sculpteurs marocains, inspirés par le calme et le charme de la cité ont gagné une renommée internationale.

 

Essaouira est également un spot reconnu pour le funboard et le kite-surf. Sur la grande plage de sable fin, les ailes de kite et les planches cohabitent étrangement avec les dromadaires et les chevaux.

 

 

Dans le port de pêche, s’insèrent une petite dizaine de bateaux de voyages sur 2 rangées de 5 bateaux à amarrés à couple. Nous rencontrons notamment le Lavezzi 40 IDEM de l’équipe ESPERANTO. L’équipage formé de 3 couples de jeunes français. Ils financent leur année sabbatique grâce à la réalisation d’un film destiné à sensibiliser les enfants sur le thème de l’eau et la protection de l’environnement.

Ils réaliseront un documentaire sur le regard que portent les enfants des quatre coins de l'Atlantique sur les problèmes écologiques liés à leur pays.

Nous échangeons avec enthousiasme nos vies respectives lors d’un apéro à bord.

Nous vous conseillons un petit surf sur leur site https://www.projet-esperanto.fr/. On risque d’entendre parler d’eux dans quelques mois.

 

(Article publié le 18 octobre depuis la zone wifi du Mac do de Tenerife. Quel exotisme!).

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